Louise Weber dite La Goulue
Née en 1866, La Goulue, de son vrai nom Louise Weber, est encore adolescente lorsqu’elle commence à danser dans les bals populaires. D’origine modeste, elle travaille parallèlement en tant que blanchisseuse, se prostitue, et pose pour des photographes et peintres. Son talent et sa personnalité pétillante lui valent d’être remarquée puis engagée comme danseuse professionnelle.
De 1889 à 1895, elle prospère en haut de l’affiche en compagnie de son acolyte Valentin le Désossé et d’autres cancaneuses. Célèbre pour son décolleté généreux et son caractère bien trempé, La Goulue devient vite la danseuse de French cancan coqueluche du Tout-Paris et une figure emblématique de la Belle Époque, ainsi que la muse du peintre Toulouse-Lautrec.
Femme libre et impertinente, elle n’a pas froid aux yeux. L’histoire raconte qu’elle se baladait avec un bouc tenu en laisse, présentant l’animal comme son « mâle », en pied de nez à cette époque qui confinait la femme à son rôle d’épouse et de mère, et lui imposait « obéissance à son mari » (Code civil de 1804, article 213).
Elle tiendrait son surnom d’un ancien amant et mentor, un certain Gaston Goulu-Chilapane… ou de sa propension à vider les verres des clients !
Jeanne Louise Beaudon dite Jane Avril
Enfant maltraitée par une mère probablement alcoolique, Jeanne Louise Beaudon développe très jeune des fragilités psychiques et nerveuses l’amenant à être internée, à l’âge de 14 ans, dans le service du Dr Charcot à l’hôpital de la Salpêtrière. Elle en sortira près de deux ans plus tard, déclarée comme étant « guérie ».
Jeune femme, elle est initiée aux soirées dansantes parisiennes par des prostituées qui, s’étant prises d’affection pour elle, l’emmènent au bal Bullier. Elle s’y découvre une passion dévorante et un don pour la danse, libératrice et thérapeutique, qu’elle pratique par la suite dans les bals sous le pseudonyme de Jane Avril. Les mouvements qu’elle exécute, semblant être inspirés par les convulsions épileptiques, font sensation et lui valent le surnom de « Jane la folle ». Charles Zidler, célèbre entrepreneur de spectacle, lui propose alors de l’engager comme danseuse.
À partir de 1889, elle devient l’une des reines du cancan à Montmartre où elle se dispute la vedette avec La Goulue. Elle obtient même quelques privilèges, puisqu’elle est la seule à arborer des dessous colorés, à la différence des autres danseuses de French Cancan contraintes de porter des sous-vêtements blancs. Jane Avril se produit seule et offre des performances frénétiques mais gracieuses, empreintes de plus de pudeur et moins indécentes que celles de ses consœurs, entre autres parce qu’elle ne se dénude pas.
Sensible et cultivée, elle devient une amie chère et égérie du peintre Toulouse-Lautrec, écrit ses Mémoires, puis contribuera à exporter le cancan en Europe avec la troupe de Mlle Églantine.
Marie Blanchard dite Nini Pattes-en-l'air
Grande danseuse de French Cancan et partenaire de scène de La Goulue et Jane Avril, Marie Blanchard alias Nini Pattes-en-l’air serait l’une des premières à avoir enseigné le lever de jambe et le grand écart à des jeunes filles, qu’elle produisait ensuite chaque soir dans un célèbre cabaret montmartrois.
Son « école » aurait rapidement été contrainte de fermer du fait de soupçons d’immoralité de la police sur ce qui y était enseigné.
Lucienne Beuze dite Grille d’Égout
Si l’on possède peu d’informations sur la vie de Lucienne Beuze par rapport à d’autres danseuses de French Cancan, elle n’en reste pas moins une des figures centrales : Grille d’Égout, après avoir été institutrice, serait devenue l’une des premières chorégraphes et professeure de cancan.
Elle aurait, avec Céleste Mogador, formé et lancé La Goulue à ses débuts. Son surnom peu flatteur proviendrait de l’écart entre ses dents.
Amélie Badel dite Rigolboche
Amélie Marguerite Badel ou Rigolboche (aussi appelée « la Huguenote ») est née en 1842. Elle fut l’une des plus célèbres danseuses de French Cancan de l’époque. Son surnom est un ancien mot d’argot signifiant amusant, plaisantin.
Adolescente, elle se produit dans plusieurs établissements de danse, dont le bal Mabille et le Casino-Cadet ou elle se fait réellement connaître et atteint l’apogée de sa gloire vers 1860. Décrite comme une danseuse extrêmement élégante et audacieuse, il se dit que c’est elle qui aurait inventé la série de battements consistant à lever et baisser la jambe.
Un film musical français de Christian-Jaque a été réalisé en son hommage en 1936.
La Goulue et Grille d’Égout
Libres et insoumises, les danseuses de French Cancan ont marqué leur siècle. Elles fascinent encore aujourd’hui par leur influence sur la libération des femmes et le monde du spectacle contemporain.
Si l’envie vous prend d’assister à un spectacle de French Cancan à Paris, le Paradis Latin, plus ancien cabaret de la capitale française, vous propose de découvrir sa revue « L’Oiseau Paradis ». Ce show, qui passe inévitablement par un French Cancan hérité de celui performé au XIXe siècle, allie tradition et modernité dans une mise en scène grandiose et haute en couleur !